jeudi 16 août 2012

Le duo des girouettes !



Depuis l'annonce de la nomination de Paul Ryan comme colistier de Romney, les experts s'interrogent sur la valeur stratégique de ce choix. Cela passe nécessairement par une analyse à la loupe du Représentant. Mais qui est donc réellement Paul Ryan ? (D'ailleurs pour l'anecdote, c'est la première fois que l'on ne retrouve aucun protestant dans un ticket candidat à la présidence (ici mormon-catholique)! Pas sûr que cela plaise à tout le monde. Romney fut assez critiqué pour son allégeance religieuse. Le seul président catholique fut John F Kennedy, et inutile de rappeler qu'aucun de ces deux candidats ne bénéficie de l'aura Kennedy.

Dernier d'une famille de quatre enfants, il perd son père (héritier d'une entreprise dans le terrassement dans la ville de Janesville dans Wisconsin) à l'âge de 16 ans. Le jeune homme devient très vite partisan de la théorie tricke-down. L'idée majeure défendue est que les exemptions fiscales et autres avantages économiques accordés aux entreprises et aux individus les plus riches profitent à long terme (par le biais de la croissance économique que ces mesures permettent) aux classes les moins favorisées de la société. On retrouve cette idée dans le plan budgétaire proposé par Ryan l'année passée. Ce qui lui vaut aujourd'hui les faveurs et le respect des membres du Congrès les plus conservateurs comme ceux du Tea Party. Pour un portrait complet du représentant je vous réfère à cet article du New York Times .

L'homme surnommé le "tronçonneur de budget" n'hésite pas à couper les aides publiques là où ça fait mal. Suppression de l'assurance maladie pour les 65 ans et plus, au profit d'une allocation annuelle permettant aux aînés d'acheter une assurance beaucoup moins avantageuse et plus coûteuse sur le marché privé. Et il ne s'arrête pas là, tout y passe: le plafonnement de l'aide sociale pour les plus pauvres, coupes dans les crédits pour les transports, l'énergie, dans les pensions des anciens combattants, et réduction de 10% du nombre de fonctionnaires. Mais dans ce budget qui prévoyait 6 trillions de coupures, on note quand même une baisse du taux d'imposition pour les revenus les plus élevés, passant de 35 à 25%. Mais n'ayez crainte, cela permettra de créer des emplois !!! Son ardeur et son audace ont même réussi à faire pâlir plusieurs républicains. cette proposition jugée quelque peu radicale, ne sera finalement pas adoptée.

Soutenir de telles mesures draconiennes c'est s'aliéner sur le long terme une bonne partie de l'électorat à tendance conservatrice. En effet, même si Batman et Robin pensent pouvoir sauver le monde (en l'occurence les États-Unis, ce qui pour eux est synonyme), l'économie et l'emploi vont connaître une relance difficile. De plus, les effets de la situation économique morose de ces dernières années va toucher autre que les classes défavorisées, les classes moyennes et moyennes supérieures, à majorité blanche.

 "Le problème est que cette paupérisation risque d'affecter un électorat blanc, âgé, traditionnellement plutôt porté vers les républicains. Selon des chiffres du Center on budget and policy priorities, 78 % des bénéficiaires du Medicare sont blancs, seulement 9 % sont noirs (ils représentent 12 % de la population) et 8 % hispaniques (16 % de la population).  Et selon une étude de février 2012, les blancs "non hispaniques" touchent 69 % des aides sociales, alors qu'ils composent 64 % de la population. "

Mince alors comment réagir face à cette situation ? En bonne girouette, Romney prend ses distances avec le plan Ryan. Mais fait plus étonnant encore, Ryan lui-même prend ses distances avec son propre programme !! Décidément ces deux-là sont faits pour s'entendre. Les premiers revirements se font sentir dans certaines déclarations où notamment Romney affirme avoir son propre plan budgétaire sur lequel il fera campagne, en insinuant que les coupes envisagées n'auront pas d'effets rétroactifs. Il s'agit d'éviter d'échauffer les esprits des retraités actuels, et en remettant à plus tard les revendications des futurs aînés. Même si il est indéniable qu'une réforme de Medicare est indispensable pour sa propre survie, il n'est pas certain que les retraités des États clés du New-Hampshire, de l'Ohio et de la Floride, dont ils représentent une très grande partie de la population, soient supporters de telles mesures !

Finalement, avec leur vision jusqu’au-boutiste de l'économie, ainsi que leur comportement changeant au gré du vent, on se retrouve comme le dit si bien Richard Hétu: "Bienvenue en Absudirstan".

"S’il est élu, Mitt Romney risque de réduire de plusieurs années la solvabilité de Medicare en donnant suite à sa promesse d’éliminer les «coupes» de 716 milliards de dollars annoncées par Barack Obama dans le populaire programme d’assurance santé destiné aux personnes âgées, selon une analyse de l’Associated Press. Ces coupes, qui sont en réalité des économies, n’affectent en rien les avantages et les services dont jouissent les bénéficiaires actuels de Medicare. Elles correspondent plutôt à une réduction des versements faits aux hôpitaux, compagnies pharmaceutiques, maisons de retraite et autres fournisseurs de services. Selon l’AP, ces économies prolongeront jusqu’en 2024 la solvabilité du fonds de Medicare pour les soins hospitaliers, qui deviendrait déficitaire en 2016 si elles étaient éliminées. Or, si Mitt Romney tenait sa promesse, il ne nuirait pas seulement au financement du programme qu’il veut sauver mais il risquerait également de gonfler les déficits qu’il promet de réduire."

Tout est dit...

A.E







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