mercredi 30 janvier 2013

G.I Jane !




Le Secrétaire à la Défense, Leon Panetta a annoncé mardi 22 janvier, sous recommendation du général Martin Dempsey, la levée de l'interdiction datant de 1994, faîte aux femmes de combattre sur les fronts de guerre. En effet, depuis 1994, les 214 098 femmes, soit 14,6% des effectifs de l'armée américaine, n'étaient pas autorisées à servir au combat.

Cette décision fait suite au contexte particulier des guerres en Irak et en Afghanistan, où l'absence de lignes de fronts traditionnelles a permis le déploiement en grand nombre des femmes soldats sur le terrain. Selon les données du Pentagone de février 2012, les femmes représentent 12% des effectifs militaires déployés en Irak et en Afghanistant (soit plus de 280 000 Américaines mobilisées à des postes stratégiques comme le renseignement)


Lors de ces missions de contre-insurrection,  les femmes ont démontré leur capacité au combat, ce qui justifie la décision de Leon Panetta. "The decision comes after a decade of counterinsurgency missions in Iraq and Afghanistan, where women demonstrated hero­ism on battlefields with no front lines". 

De plus, selon un récent sondage mené par l'institut Gallup , l'opinion publique est largement favorable à cette mesure, aussi bien les femmes (76%), que les hommes (70%). 


Americans' Support for Allowing Women to Serve in Combat, January 2013


Cette initiative qui sera pleinement effective d'ici 2016, permettra à de nombreuses femmes d'accéder à divers postes hauts gradés, qui leur étaient, jusque-là fermés,  en raison de leur inexpérience au front.


A.E


mercredi 23 janvier 2013

Inauguration day !





Lundi 21 janvier se déroulait devant le Capitole, la 57è cérémonie d'investiture présidentielle marquant ainsi le début du second mandat du président Obama. Les discours tenus à cette occasion peuvent souvent être décevants et donner l'impression de trainer en longueur. Avec une côte de confiance des plus moyenne (51%) et deux fois moins de personnes qui se sont déplacées pour venir  assister à l'évènement (800 000 cette année contre 2 000 000 il y a quatre ans), on pouvait s'attendre à un discours timoré visant la réconciliation partisane. 

Bien au contraire, dans son allocution d'une vingtaine de minutes Barack Obama donne le ton. Il n'hésite pas à aller de l'avant sur des mesures qui sont pourtant, loin d'êtres populaires. Au menu, libéralisme et progressisme comme ligne directrice de la politique de ce second mandat. 

Pour éviter les contestations, Obama n'oublie pas de faire référence à de nombreuses reprises, aux principes fondateurs de l'exceptionnalisme américain enchâssés dans la Déclaration d'Indépendance et la Constitution. Pour insister sur l'esprit d'unité de la nation, Obama ne cesse d'emprunter la célèbre formule "We, the people" de la Constitution des États-Unis. En ce jour d'hommage national à Martin Luther King, le président a évoqué les valeurs chères aux Américains, en mettant l'accent sur  la liberté et l'égalité.

Il a affirmé et soutenu les priorités de l'administration à savoir, l'économie, le contrôle des armes à feu, la réforme de l'immigration, le déficit fiscal, et tout particulièrement le mariage homosexuel. En effet, il a annoncé que l'épopée américaine ne serait achevée sans une égalité parfaite entre tous. C'est la première fois qu'un président américain évoque les droits des homosexuels dans un discours inaugural. Il a également réaffirmé sa volonté de réformer l'immigration afin que l'Amérique redevienne le "Land of opportunities" 

«Notre épopée ne sera pas complète tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas trouvé une meilleure façon d'accueillir les immigrants ambitieux et pleins d'espoir qui voient toujours l'Amérique comme une terre d'opportunité.»

Cependant, Obama demeure conscient que l'avenir de ses politiques dépend pour beaucoup du Congrès. Mais, n'ayant pas de troisième mandat à convoiter, il usera de stratagèmes pour sensibiliser l'opinion publique et, ainsi influencer les membres du Congrès. Par le biais du groupe de pression "Organizing for Action" mis en place par son staff de campagne, Barack Obama tentera de convaincre la population du bien fondé de ses politiques, tout en essayant de surmonter l'opposition républicaine.

En d'autres termes, les dés sont lancés et Obama appelle la population à se mobiliser afin que ce second mandat ne soit pas synonyme d'accident de parcours.


A.E

mercredi 16 janvier 2013

Mitt Romney et le vote latino-américain : l’élément déterminant dans la course vers la Maison-Blanche.


Par Valérie Leduc, étudiante à la maîtrise en science politique, Université du Québec à Montréal.

Une fois de plus, après une lutte très serrée pour l’accès à la Maison-Blanche, plusieurs analystes s’entendent pour dire que le vote latino-américain fut considérablement important dans cette course présidentielle. Durant la campagne, Mitt Romney a échoué à séduire une partie significative de l’électorat : la minorité hispanophone. Le candidat républicain est allé chercher seulement 29% du vote des Latino-Américains, comparativement à un de ses prédécesseurs George W. Bush qui avait fait beaucoup mieux en 2004, récoltant 44% du vote hispanophone.

Barack Obama et la minorité hispanophone

Dira-t-on que Mitt Romney a échoué ou plutôt que Barack Obama a réussi à séduire les Latino-Américains? Comme le mentionne Julie Dufort, chercheure à l’observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul Dandurand  à l’Université du Québec à Montréal, la capacité d’Obama à aller chercher 71% du vote hispanophone fût surement déterminante dans certains États pivots comme la Floride, où 17% de la population est latino-américaine, ou encore au Nevada ou au Colorado, où cette communauté représente respectivement 15% et 21% des électeurs.

En effet, Barack Obama fût déclaré vainqueur en Floride avec 50,0% des voix alors qu’il a remporté 60% du vote hispanophone et au Colorado où il a devancé son adversaire républicain  avec 5 points de pourcentage et a remporté 74% du vote latino-américain. D’ailleurs, le poids démographique de cette communauté a significativement augmenté depuis les dernières élections présidentielles et a définitivement contribué à la défaite de Romney.

Un travail qui a porté fruit

Il est important de mentionner que Mitt Romney s’est retrouvé face à un candidat démocrate ayant accordé une attention particulière à l’électorat hispanophone. En juin, quelques mois avant l’élection, dans le cadre du Dream Act, Obama a promis d’octroyer la citoyenneté américaine à plusieurs immigrants illégaux de moins de 35 ans ayant vécu en sol américain pendant au moins cinq ans qui remplissent certaines conditions associées à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou qui se sont mobilisés dans l’armée américaine. De plus, bien que l’immigration ne soit pas l’enjeu auquel les Latino-Américains accordent le plus d’importance, Obama s’est engagé à réformer l’immigration aux États-Unis.  

Bien qu’Obama ait tenté de séduire l’électorat latino-américain en proposant de réformer le système de l’immigration, cet enjeu ne semble pas la première préoccupation de cette communauté qui accorde davantage d’importance à la croissance économique et à l’emploi. Selon un sondage réalisé par USA Today/Gallup, les Latino-Américains inscrits sur la liste électorale privilégieraient d’abord les enjeux associés à la santé, à l’emploi et à l’économie alors que l’immigration se retrouvait au 5e rang de leurs priorités. Il est important de souligner que la communauté hispanophone est particulièrement touchée par la présente crise américaine qui ne semble pas se résorber. En effet, selon le Bureau of Labor Statistic, le taux de chômage en octobre 2012 était de 10% chez les hispanophones comparativement à 7,9% dans l’ensemble de la population. Dans cette optique, les Latino-Américains semblent davantage séduits par les propositions progressistes prévues dans le plan de relance mis de l’avant pas les démocrates.

D’ailleurs, le Parti Républicain aurait adopté un discours beaucoup trop traditionaliste, oubliant ainsi les hispanophones qui représentent une partie de plus en plus importante de l’électorat. Comme le mentionne Élisabeth Vallet, professeure associée au département de géographie et chercheure à l’Observatoire sur les États-Unis de l’Université du Québec à Montréal, le Parti républicain « n’aurait pas réalisé que la démographie des États-Unis avait changé » et que cette population s’est retrouvée davantage dans le discours démocrate plutôt que dans le projet politique républicain.  

Paul Ryan comme colistier

Afin de solidifier le vote de la base républicaine, Mitt Romney a choisi Paul Ryan comme colistier, un républicain très conservateur sur les plans fiscal et social. Bien que l’électorat hispanophone rejoigne les valeurs conservatrices, la radicalisation du discours économique néolibéral du GOP a probablement dissuadé cette communauté de voter pour le Parti Républicain.

De plus, l’enjeu du vote de 2012 se trouvait davantage chez les Latino-Américains qui représentent 10% de l’électorat américain. En prenant position sévèrement sur des enjeux touchant l’immigration, le Parti Républicain a séduit sa base, au détriment du vote hispanophone.  

Romney aurait pu choisir Marco Rubio, sénateur de la Floride comme colistier plutôt que Paul Ryan. Ce républicain modéré, favorable à une réforme de l’immigration et très près de l’électorat latino-américain aurait particulièrement modifié la candidature de Mitt Romney. Dans cette optique, nous aurions pu observer un dénouement totalement différent dans des états clés comme la Floride, le Colorado et le Nevada, voire sur l’ensemble du territoire américain, changeant ainsi l’issue de l’élection.


Bref, Romney n’a pas réussi à séduire l’électorat latino-américain et amène les républicains à se questionner, une fois de plus, sur leur incapacité de mobiliser cette portion de la population qui est de plus en plus importante aux États-Unis, soit en hausse de 22% depuis 2008.

Nous connaissons l’indéniable appui du Texas au Parti Républicain. Toutefois, si le parti de l’éléphant ne réussit pas à rejoindre cette portion de l’électorat, le Texas, où 25% des citoyens de moins de 18 ans sont d’origine latino-américaine, pourrait devenir un état pivot d’ici quelques années. La couleur de cet État pourrait définitivement changer la carte électorale nationale.