mercredi 4 avril 2012

Toujours pas de consensus !!

Aïe aïe, je sais que j'accuse un retard terrible dans la suite du soap électoral américain. Mais faute avouée est à moitié pardonnée (enfin paraît-il !!). Alors que s'est-il passé ces deux derniers mois chez nos amis du Sud?

Petit rappel des victoires et défaites de nos chers candidats conservateurs. Mitt Romney a remporté le 31 janvier dernier l’État de la Floride et ses 50 délégués. Il poursuit sa lancée et distance considérablement ses adversaires dans le Nevada, qui grâce à la portion non négligeable de Mormons lui permet de réaliser un score de 43%  contre 26% pour Gingrich, 18,5% pour Ron Paul et 13% pour Rick Santorum.

Mais le 7 février il sera coupé dans son élan avec ses défaites dans le Colorado et le Minnesota au profit de son grand rival ultra conservateur Rick Santorum, ce qui change la donne de cette course. En effet, jusqu'aux primaires de  Floride le bras de fer s'annonçait entre Mitt Romney et Newt Gingrich, l'ancien speaker de la Chambre des représentants qui semble désormais hors course au profit de Santorum. Romney reprend son souffle difficilement en remportant le caucus du Maine du 11 février avec 39% des voix talonné de près par Ron Paul avec 36% des voix.

Le modéré continue son avancée avec la victoire du Michigan de l'Arizona et du Wyoming. Mais, malgré ses victoires, il a du mal à convaincre, et c'est là une épine dans le pied considérable. La victoire arrachée de Romney dans son État natif du Michigan démontre la faiblesse de ce candidat, qui en cas de défaite aurait vu son image considérablement entachée. Santorum peut se frotter les mains et se vanter de mener la vie dure à son adversaire, mettant en branle sa crédibilité politique.

Vient ensuite le Super Tuesday (cette année le 6 mars). Enjeu déterminant puisque 10 États organisent leurs primaires en même temps (Alaska, Géorgie, Idaho, Massachusetts, Dakota du Nord, Oklahoma, Tennessee, Ohio, Vermont, Virginie). A eux dix, ils représentent 437 délégués sur les 1144 a obtenir pour espérer l'investiture officielle républicaine, lors de la convention nationale du Parti en août à Tampa (Floride). Finalement, Mitt Romney remporte le Massachusetts, la Virginie, le Vermont, l’Idaho, l'Alaska et surtout l’Ohio, État décisif. La victoire de Mitt Romney dans cet État a été longue à se dessiner, avec 38% des voix contre 37% à Rick Santorum. Mais les victoires de l'ultraconservateur Rick Santorum dans le Tennessee, l'Oklahoma et le Dakota du Nord, empêche Mitt Romney (contrairement à ce qu'il espérait) de donner le coup de grâce à ses adversaires. Sur le plan national, Mitt Romney reste encore le favori mais il peine toujours  à convaincre la base conservatrice du parti.

Après le Super Tuesday viennent les primaires dans un certain nombre d’États conservateurs, qui se prononceront en faveur de Rick Santorum, comme l'Alabama, le Mississippi. Dans l'Illinois (bastion d'Obama) Romney sort vainqueur avec 45% des suffrages contre quand même 35% pour Santorum. Dans le Missouri, Santorum rapporte le soutien populaire avec 55,2% des voix distançant largement le favori Romney (25,3%).  Depuis aujourd'hui, avec les victoires de Romney dans le Wisconsin et le Maryland le nombre de délégués attribués à chaque candidat est de 652 pour Romney, 269 pour Santorum, 140 pour Gingrich et 67 pour Paul selon le site spécialisé RealClearPolitics.

L'ensemble de ces résultats vient confirmer deux choses. Tout d'abord, on constate que l'absence de consensus de l'électorat républicain auprès d'un candidat fait toujours défaut. Même si Romney est donné gagnant, il ne faut pas pour autant se fier aux apparences. L'investiture officielle de Romney ne s'annonce pas si facile. L'ultraconservatisme qui caractérise les adversaires de l'ancien gouverneur du Massachussetts oblige ce dernier a orienter son discours de plus en plus à droite. Même si il sort vainqueur de cette course, Gingrich, Paul et Santorum auront influencé considérablement l'orientation de cette campagne, en démontrant qu'une portion non négligeable de l'électorat américain souhaite un retour au conservatisme économique moral et religieux. Mitt Romney devrait, grâce aux primaires dans les États du nord-est, à l'électorat relativement modéré, rester en tête de la course. Mais Santorum pourrait lui donner du fil à retordre dès le mois de mai avec les États conservateurs de l'ouest et du sud du pays, comme le Texas, le Nebraska et le Kentucky. Mais il faut attendre  juin avec les primaires de Californie pour que Romney parvienne à obtenir les 1.144 délégués.

Cependant, le nerf de la guerre en matière de campagne reste depuis toujours l'argent et c'est cette donnée qui finalement aura raison des candidats. Romney qui possède une fortune personnelle colossale, reste donc le grand favori, malgré l'élan qui porte Santorum et qui risque de lui attribuer des financements de la part du Tea Party.
D'ailleurs pour ceux qui s'intéressent au dessous des financements des campagnes électorales aux États-Unis, je vous réfère à deux articles. le premier de Leah Pisar, et le deuxième fort passionnant d'Elisabeth Vallet qui se penche sur les dérives des financements des campagnes.

Le prochain billet sera consacré au compte rendu du colloque : "Elections américaines 2012: en route vers le duel de novembre" organisé le 22 mars par la chaire Raoul Dandurand de l'UQAM 

AE

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